Adam Gee : La narration mobile comme langage du présent
- Sanjorge Guillaume
- 19 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Lors de l’événement organisé par l'association Studio Phocéen le 14 juin 2025 à Paris, le producteur britannique Adam Gee, venu spécialement pour l’occasion, a livré une réflexion sur la place de la création mobile dans le paysage audiovisuel contemporain.
Récompensé par cinq BAFTA et un Emmy, Adam Gee a longtemps œuvré à l’avant-garde de la télévision britannique, avec des formats innovants comme Embarrassing Bodies (une émission de santé interactive et grand public diffusée sur Channel 4) ou Big Art Mob, (un projet collaboratif en ligne visant à cartographier l’art public dans les rues britanniques). Aujourd’hui, il s’intéresse aux formats verticaux et aux possibilités narratives offertes par les smartphones.
Une nouvelle vague de cinéma mobile
Lors de l'événement, Adam Gee a présenté le Smart Film Fest, un festival international qu'il a cofondé, dédié aux films tournés avec des smartphones : « On voit dans la bande-annonce des films sélectionnés lors de la première édition : certains sont horizontaux, d’autres verticaux ; certains sont des fictions, d’autres des documentaires », explique-t-il. Mais un détail l’a marqué : « La plupart des formats verticaux sont des fictions. On voyait déjà une tendance. »
Pour lui, le smartphone est l’outil du quotidien, qui donne un accès direct, intime et spontané à la narration. Il le compare à ce qu’ont vécu les cinéastes de la Nouvelle Vague avec leurs caméras portables : « C’est l’outil de cette génération. »
Adam Gee insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un sous-genre de la télévision, ni d’une extension de la publicité : « C’est un langage différent. Pas poli, mais immédiat. Un art de l’instant. »
Il prend en exemple Missed Call, un court-métrage tourné sur smartphone avec la réalisatrice Victoria Mapplebeck, qui a remporté un BAFTA TV Award (la plus haute distinction télévisuelle au Royaume-Uni). Ce projet a donné naissance à un long-métrage autobiographique, monté à partir de vingt ans d’archives filmées avec six générations d’iPhone. Une sorte de Boyhood documentaire, filmé dans la vraie vie.
Enfin, Adam Gee rappelle que ces formats courts et souvent verticaux ne sont plus marginaux : « Ils viennent désormais du monde entier. » Pour lui, leur diversité et leur énergie témoignent de l’émergence d’une culture visuelle inventive et en plein essor.