Le public féminin au cœur du succès des Duanju
- Maëlle Billant
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture
En Chine, et progressivement dans de nombreux pays occidentaux, les duanju séduisent des millions de spectateurs, dont une majorité sont… des spectatrices.
Pourquoi ce succès auprès du public féminin ? D’abord parce que les duanju trouvent leur source dans un univers déjà bien implanté auprès des femmes : les romans web. Ces fictions sentimentales, d’ailleurs souvent écrites par des autrices, s’adressent à un lectorat majoritairement féminin, amatrices d’histoires d’amour intenses et pleines de rebondissements. Naturellement, ces récits en ligne ont trouvé un prolongement audiovisuel dans les duanju, qui reprennent leurs codes narratifs.
Le format vertical accentue cette affinité. Les gros plans sur les visages capturent les émotions, les jeux de regards, les frissons de la séduction. La mise en scène se concentre sur un duo central entre un homme et une femme, dans des intrigues qui font la part belle à la psychologie des personnages et aux tensions romantiques. Le tournage économique des duanju est soutenu par une esthétique minimaliste, des décors aux airs luxueux mais souvent intérieurs, parfaitement adaptés aux intrigues amoureuses. Le genre romantique permet ainsi de limiter les coûts tout en renforçant l’intimité des scènes. Les codes narratifs accessibles de la romance et une réalisation centrée sur les émotions accompagnent donc ce format pensé pour une immersion rapide et addictive.
Le public type ? Des femmes entre 35 et 55 ans, qui regardent ces séries dans les transports ou pendant les petites pauses du quotidien, sur le téléphone. A portée de main, ces héroïnes de poche accompagnent leur vie de tous les jours. La consommation est certes fractionnée mais fidèle, semblable à celle des télénovelas et soap operas d’hier. Le duanju serait-il alors pour ces femmes ce que le jeu vidéo est pour certains hommes : un divertissement codifié, ritualisé au quotidien, et stimulant, à haut pouvoir addictif ?
Aujourd’hui, en dépit de la prévalence actuelle du public féminin, la donne pourrait toutefois évoluer. Si la romance reste reine sur bien des plateformes et applications, d’autres genres commencent à émerger : aventures, récits du quotidien, amitiés, drames familiaux. Une diversification bienvenue qui pourrait attirer un public plus large et davantage masculin, tout en renouvelant les codes, tant esthétiques que narratifs.
Le duanju est peut-être né dans les pages virtuelles des romances en ligne, mais il est en train de devenir un nouveau langage universel du récit court. Et les femmes, pionnières de cette tendance avec la littérature web, en sont les premières héroïnes. Héroïnes de ces fictions romantiques courtes, les femmes autrices et réalisatrices ont également une large place à prendre dans le renouvellement des genres et la part créative du format, en proposant de nouvelles histoires captivantes, plus variées, qui plairont à un large public, au-delà du genre et des genres.
Article rédigé par Maëlle Billant
Redactrice pour Duanju.fr, juriste de profession [Linkedin], et podcasteuse [YouTube]