De l’écran large à l’écran de poche
- Jean-Marie Sanjorge
- 1 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Cadrages, formats et innovations cinématographiques.
Le lien est aisé avec notre réflexion précédente sur l’histoire de la peinture : nous évoquions le « cadre », d’abord fixe puis détachable, comme limite extérieure du tableau. Avec le cinéma, le « cadre » devint en quelque sorte le contenant de l’image filmée.
Mais à notre époque, cette notion a revêtu une forte dimension technique car elle est inévitablement reliée à l’idée de format : dans une même largeur de film, on a pu intégrer des images de plusieurs dimensions. Comme les largeurs de films ont été nombreuses, les combinaisons possibles furent considérables ! Mais, artistiquement, le cadrage n’a jamais été neutre : par-delà les contraintes techniques, il reste un outil visant à centrer l’attention du spectateur ou à susciter son émotion. Appuyé en outre sur des écrans de diverses dimensions : du « standard » jusqu’au vaste « cinémascope », spectaculaire en salle mais qui lors des multiples rediffusions s’insère difficilement dans l’espace offert par exemple sur un écran de télévision… Le cinéma numérique, nouvelle étape majeure, se fonde comme on sait sur l’utilisation de programmes informatiques à toutes les étapes de la production puis de la diffusion : notion de « cadrage virtuel » ou utilisation désormais de l’intelligence artificielle. Enfin, le téléphone portable se révèle un outil de diffusion d’images construites, mais qui ont dû être préalablement filmées en tenant compte de la contrainte de verticalité de lecture. D’où le nom de « fictions verticales ». Avec, là encore, de nouvelles nécessités devant prendre en considération les capacités d’attention humaines face à une image de très petite taille. Et, pour la « fiction verticale », la naissance d’un nouvel enjeu : dépasser les limites qui lui sont propres et le risque de trop grande simplicité, pour rechercher, voire créer, une qualité d’un nouveau type !
Quelle durée pour un film ?
C’est évidemment une notion fondamentale, liée aux évolutions techniques mais devant aussi rester soucieuse des capacités d’attention du public ! Nous avons tous eu l’occasion de voir les « films muets » de la première partie du XXè siècle, souvent humoristiques (mais pas toujours) et en général assez brefs (mais pas toujours). Comportant aussi leur lot de chefs-d’œuvre, parfois de longue durée. C’est avec la naissance du cinéma parlant, auquel le « 7ème art » allait ensuite littéralement s’identifier, que la durée moyenne s’allongea pour atteindre en général une heure et demie à deux heures. Avec quelques « classiques », très appréciés des spectateurs, approchant les quatre heures de projection. Voire même quelques films hors normes, plus « élitistes », aux durées exceptionnellement longues.
En parallèle, se développa le « court-métrage » : conçu à l’origine comme un outil d’expérimentation à moindre coût de nouvelles techniques, il acquit progressivement le statut de « genre » à part entière, donnant lieu à des innovations et à des festivals appréciés, mais demeurant toujours malheureusement à distance du grand public. Il n’est souvent qu’une étape vers le long-métrage alors qu’on pourrait considérer qu’il a pourtant une valeur en soi. Par les qualités qu’il met en œuvre (concentration de l’émotion, utilisation d’un temps limité, créativité indispensable) il peut devenir une source de référence et d’enrichissement pour les formes encore plus brève liées aux actuelles évolutions : les fictions verticales ! Avec ce genre nouveau, issu des nouvelles technologies, la durée devient d’une brièveté (1mn 30 !) qui est un défi extrême, pouvant apparaître comme contraire aux nécessités de la plus élémentaire qualité. C’est là que nous avons à créer ! Le champ de la beauté nous est ouvert…
Article redigé par Jean-Marie Sanjorge